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  • Avec le roman Les incunables, l’auteure toulousaine Karine Sayagh-Satragno signe un roman initiatique savoureux sur la vieillesse de la femme
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Avec le roman Les incunables, l’auteure toulousaine Karine Sayagh-Satragno signe un roman initiatique savoureux sur la vieillesse de la femme

Mis à jour le lundi 25 juillet 2022 par Eva Kopp

Vous cherchez un livre pour vous accompagner durant les vacances ? Voici le compagnon idéal : Humour irrévérencieux,  style au relief des mots ciselés,  émotion, rebondissements... Un livre que vous aurez du mal à quitter comme son héroïne... Un livre audacieux comme son autrice dont il nous tarde de connaître le prochain roman.  

Miroir, ô beau miroir, dis-lui qu'elle ne vieillira pas

Voici une rencontre littéraire qui ne laisse pas indifférent... Elle est délicieusement odieuse, peste distinguée aux mots savoureux, grossophobe amoureuse de sa silhouette, gérontophobe désespérée à l'apparition de rides, Lucie est l'héroïne du nouveau roman de Karine Sayagh-Satragno  : Les incunables. Préparez-vous au grand huit emotionnel. Rien ne vous sera épargné, vous êtes prévenu. Sous une apparente légèreté, pétillante comme le champagne dont raffole Lucie, Les incunables aborde des sujets graves et offre plusieurs lectures. Vous pensez lire un livre sous le signe de l'humour mordant et vous voici, les yeux humides, à réfléchir sur le temps qui passe, la vieillesse, la sororité, la féminité...

Les incunables Écrit par Karine Sayagh-Satragno Éditions Hugo Stern ISBN : 2490394568 162 pages 18,50€ en broché 9,99€ en ebook

Je m'appelle Lucie. Je suis chroniqueuse littéraire. Je ne dis jamais mon âge à personne et j'observe depuis mon plumard complètement à sac un très jeune pompier en train de se revêtir pianissimo, un peu comme lorsqu'on s'effeuille, mais en sens inverse. Il se tient là, près de la cheminée de ma chambre - un bel âtre ancestral qu'il faudra ramoner cet hiver, j'y pense maintenant allez savoir pourquoi - en sifflotant un Dalida à ma sauce. Sauce Lucie. Il vient d'avoir dix-huit ans, ou un peu plus j'espère. Il a une carcasse parfaite". Misanthrope, grossophobe et gérontophobe entre autres tics et tocs, Lucie se construit au gré de ses rencontres et altercations avec d'autres corps. Des hommes, un homme, et surtout Clara, une vieille dame à l'identité floue qui l'oblige à affronter ses craintes et à se lancer dans une quête de la Vérité...

Extrait :

"Je n'aime pas les vieux. C'est dit. Je n'aime pas les gros non plus. et les moches, c'est un peu caricatural, mais je ne les vois pas. J'ai développé cette faculté inouïe qui consiste à laisser mon regard flotter par-delà la laideur et à choisir un point de chute plus tolérable. Je suis devenue experte en glissé de regard. C'est comme une figure de danse, mais en plus emporté. La plupart du temps, l'être annihilé n'a pas conscience de son éradication visuelle pvrcequ'il est myope ou quasi aveugle. Les vieux sont contents de ne pas voir qu'on ne les voit pas. Pas chassé, pas chassé, pas chassé."

Entretien avec Karine Sayagh-Satragno

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A lire : Rencontre avec Karine Sayagh Satragno, auteure toulousaine " confinée dans la dentelle "
  Comment avez-vous décidé du titre ? Je suis une ancienne prof de lettres et j’ai préparé un DEA à la Sorbonne en littérature du Moyen-Âge. Dans ma bibliothèque, j’ai un ou deux incunables... Ces livres poussiéreux et très rares que personne ne lit. (Elle sourit) Je suis partie de l’observation des rayonnages de cette bibliothèque.   Comment vous est venue l'idée de l'intrigue ? C’est l’itinéraire des femmes qui m’intéresse. J’avais envie de parler de sororité et de transmission et de montrer plusieurs visages de l’amitié et de l’amour. J’ai construit l’intrigue autour des personnages, ce qui est souvent mon processus d’écriture. Mais je n’avais pas envie de donner à l’amour et à l’amitié des définitions académiques. Ici, les personnages ne sont pas toujours monogames mais ils sont toujours passionnés. Le couple n’est pas une entité monolithique. L’amitié quant à elle aurait quelque chose de supérieur à l’amour. Peut-être que le désir amical de connaître l’autre est plus pérenne non ?
On entend souvent cette phrase terrible "Elle a dû être très belle". L'écriture du roman a débuté le jour où j'ai entendu cette phrase d'une femme que je trouvais très belle tout simplement.
D'ailleurs, je n'ai jamais entendu quelqu'un dire cela d'un homme. Dans Les incunables, il y a quelques unes de ces angoisses dont on parle difficilement : cette angoisse du corps qui vieillit, du corps qui grossit. Lucie est un personnage phobique aux pensées limitantes qui est empêchée par ses peurs. Ce livre raconte un parcours initiatique et le choix d'accepter cette évolution. Devenir âgée, c'est renoncer à une petite partie de nous pour devenir soi. Les incunables, c'est aussi l'histoire d'une transition par rapport à moi-même, l'idée que l'on puisse devenir meilleur au contact des autres...   Comment écrivez-vous ? J’écris extrêmement vite. Je porte le sujet en moi pendant plusieurs semaines et quand je commence à écrire, j’écris sans discontinuité… Je commence à écrire, je suis dans une tonalité et tout d’un coup, le plan se dessine. Je me laisse prendre par le flux de l’écriture instinctive et suis rattrapée par cette écriture même. Je suis à la fois portraitiste et journaliste. Comme le féminin et les personnes âgées étaient cette fois mon sujet, j’ai passé beaucoup de temps à les observer, à prendre des notes dans mon carnet que cela soit dans le métro ou encore dans une salle d’attente. Je me demandais quelle vieille femme j’allais devenir, ce que signifiait " vieillir bien ".  
A lire : Avec le roman Sœurs : Léna, l’auteure toulousaine Karine Sayagh-Satragno signe le troisième tome de sa saga sensible et subtile
  Quels sont vos projets créatifs ? Je travaille sur le scénario et la Bible d'écriture de la série Soeurs pour le proposer à des producteurs. Comme toujours, je travaille sur deux romans en même temps dont le tome 4 de Soeurs.
Ô Toulouse Toulouse, c’est… Tout simplement : La ville où je suis née, la ville dont je suis partie, la ville où je reviens toujours … Un souvenir : La murette de la Place Saint-Georges qui a longtemps été mon pôle d’observation de l’écosystème toulousain. Un lieu : Le cloître du Couvent des Jacobins, un véritable havre de paix Une personnalité : Paule de Viguier, amie des artistes et mécène, surnommée la belle Paule par François 1er et réputée pour sa grande beauté.   Les Toulousains obtinrent qu’elle se pavane à sa fenêtre deux fois par semaine. Il existe un portrait d’elle par Henri Rachou dans la salle des Illustres. Une balade : Les petites rues du Quartier des Antiquaires. Un restaurant : La Centrale, sur l’île du Ramier Une gourmandise / un plat : Le pain à la farine de petit épeautre de La Boulange avec du brie truffé de chez Xavier et un verre de vin rouge de la région.  
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